Un mois après un séisme de magnitude 7,7 ayant causé d’importants dégâts au centre du Myanmar, les besoins humanitaires restent immenses, alerte l’organisation non gouvernementale internationale Plan International. Avec l’arrivée imminente de la saison des pluies, un financement urgent est nécessaire pour éviter qu’une catastrophe n’en aggrave une autre.
« Le peuple du Myanmar fait preuve d’une résilience remarquable. Mais la reconstruction sera longue. Nous devons agir maintenant – avant que les pluies ne s’intensifient, avant la réouverture des écoles, avant que de nouveaux risques ne viennent aggraver la crise humanitaire actuelle », déclare Haider Yaqub, directeur national de Plan International au Myanmar.
Le séisme initial, survenu le 28 mars, a causé la mort de 3 700 personnes confirmées et fait plus de 4 824 blessés, 129 personnes étant toujours portées disparues. Des répliques puissantes et des pluies précoces ont suivi, provoquant le déplacement de près de 200 000 personnes et endommageant plus de 2 600 écoles et 52 000 habitations.
L’acheminement de l’aide est rendu difficile par l’effondrement des infrastructures, mais les communautés s'efforcent de reconstruire leur vie à partir de rien. À ce jour, Plan International a pu venir en aide à plus de 22 600 personnes en leur fournissant de la nourriture, de l’eau potable, des couvertures, des kits d’hygiène et des toilettes mobiles, en collaboration avec des partenaires locaux de confiance. Toutefois, des abris temporaires sûrs sont encore nécessaires en urgence, en particulier avant l’arrivée des pluies de mousson.
Les familles se réfugient dans des bâtiments dangereux et partiellement effondrés, tandis que les centres d'évacuation imposent des couvre-feux et restreignent les déplacements, privant les gens de la possibilité de travailler ou de protéger ce qu'il leur reste. Pour beaucoup, rester est dangereux, mais partir n’est tout simplement pas une option. « Les gens ont tout perdu », explique Su Mon Htay, directrice des ressources humaines et de l’administration chez Plan International Myanmar. « Ils ont perdu non seulement leurs maisons, mais aussi leurs espoirs et leurs rêves. »
Les enfants au cœur de la crise
Les enfants sont parmi les plus durement touchés. Vivant dans un environnement instable, exposés à une chaleur intense, à des perturbations de leur routine et à des répliques constantes, ils présentent des signes évidents de détresse émotionnelle. « Mon fils de huit ans pleure tout le temps », raconte Hein. « Il n'arrête pas de me demander : "Papa, est-ce encore un tremblement de terre ?" »
Pour les soutenir, Plan International a mis en place 20 espaces adaptés aux enfants en collaboration avec des partenaires locaux tels que l'association Young Men's Christian Association (YMCA) et Building Back Better (BBS). Ces espaces leur permettent de jouer, d'interagir avec leurs pairs et de bénéficier d'un soutien psychosocial pour les aider à surmonter leurs traumatismes et à retrouver une vie normale.
Des préoccupations sérieuses en matière de protection subsistent, car l’absence de toilettes et de douches sécurisées sur de nombreux sites d'hébergement expose les filles et les jeunes femmes à un risque accru. Un cas récent de violence sexuelle dans un centre d’évacuation souligne l’urgence de renforcer la protection de l’enfance et les services sensibles au genre.
« Alors que le Myanmar entre dans la phase initiale de redressement, nous craignons que la situation ne se dégrade davantage avec l’arrivée prévue de la mousson », ajoute Haider Yaqub. « Nous sommes présents là où notre valeur ajoutée est la plus forte, notamment dans la protection de l’enfance, l’éducation en situation d’urgence et le développement de la petite enfance. Nous soutenons les enfants et leurs familles dans leur reconstruction, mais il est également essentiel d’intégrer la sensibilisation aux risques de catastrophe et la préparation – notamment auprès des enfants – à toutes les actions de relèvement, afin que les populations sachent comment se protéger en cas de nouvelle catastrophe. »
Renforcer la réponse face à l’urgence
Les communautés ont clairement défini leurs priorités : reconstruire les habitations, permettre aux enfants de retourner à l'école et rétablir les moyens de subsistance. Ce sont là les trois piliers du relèvement, qui doivent être pris en compte sans délai. « Je veux juste retrouver ma maison », confie Thidar (nom d’emprunt), une mère de 25 ans. « Pas une grande maison, juste un endroit où ma famille et moi puissions vivre en paix. »
La rentrée scolaire étant prévue pour le 1er juin, la course est lancée pour rétablir l’accès à l’éducation pour des milliers d’enfants. De nombreuses écoles étant encore endommagées ou détruites, des espaces d’apprentissage temporaires sont indispensables pour éviter des interruptions prolongées de l’enseignement.
Bien que la prolongation du cessez-le-feu jusqu’au 30 avril soit une évolution positive, le temps presse – et les financements aussi. Plan International fait actuellement face à un déficit de financement de 4,47 millions d’euros, avec seulement environ un tiers des fonds nécessaires déjà sécurisés.
C’est un moment crucial pour le Myanmar. Plus de 41 millions de personnes ont été touchées par le séisme, dont une sur quatre est considérée comme particulièrement vulnérable. Cela inclut 4,8 millions de femmes et de filles, exposées à des risques accrus en raison du manque de services essentiels sensibles au genre – de l’hygiène menstruelle aux soins de santé mentale, en passant par la protection contre les violences. Plan International appelle la communauté internationale à ne pas détourner le regard.
NOTE À L’ATTENTION DES RÉDACTIONS :
Le 28 mars 2025, un séisme de magnitude 7,7 a dévasté une grande partie du centre du Myanmar. La catastrophe a provoqué d'importantes pertes humaines et des destructions massives, aggravant une crise humanitaire déjà critique en raison des conflits persistants. Avant le tremblement de terre, on estimait que 3,5 millions de personnes étaient déplacées dans le pays et qu’un tiers de la population (15,2 millions de personnes) souffrait d’insécurité alimentaire.